J’ai intitulé mon nouveau spectacle « Le Cabaret de l’oiseau », parce que j’aime le fait qu’au cabaret, on boit et on mange volontiers pendant le spectacle. Cette convivialité favorise une participation plus grande du public, qui se sent plus proche de l’artiste. J’aime parler avec les gens, les interpeller pendant la représentation. La magie provient, selon ma vision du spectacle, de la rencontre cœur à cœurs entre l’artiste et le public, dans une petite salle intime où l’on se sent presque en famille. Le cabaret est propice à cette proximité, à cette chaleur humaine. C’est pour cela qu’un verre est inclus dans le prix du billet : je l’offre après le spectacle, pour rencontrer les gens, pour les retrouver et prolonger un certain art de vivre ensemble.
Mais il y a quelque chose de décidément trop « olé olé » dans l’iconographie du cabaret. C’est une image faussée, car en réalité, le cabaret d’origine a plutôt une dimension très dramatique, avec des chansons réalistes pour une période sombre. La comédie musicale Cabaret se passe à Berlin dans les années 1930, période parmi les plus troubles de l’Histoire. Les reportages que Joseph Kessel a consacrés au milieu interlope en Allemagne au début du mouvement nazi, nous font découvrir un cocktail de cynisme, de noirceur, de vice et de corruption qui donne véritablement froid dans le dos.
Quand on cherche « cabaret » sur Internet, on trouve bien sûr des images de la formidable Liza Minnelli, mais aussi des images très variées relatives à des cabarets de chansons, dont le plus emblématique est encore aujourd’hui le Cabaret du Chat Noir, celui de la malchance, avec sa vedette ultra-réaliste Aristide Bruant, qui y débute en 1881, et dont Edith Piaf a repris tous les codes. Le summum du genre demeure selon moi l’Opéra de quat’sous, de Berthold Brecht et Kurt Weill, qui impose la notion d’épure théâtrale (Berlin, 1928 ; créé en français à Paris en 1930). On trouve aussi des photos de « cabaret Paradis » et de « Paradis Latin », avec les plumes rouges et blanches, et tout le tralala … Rien n’est plus éloigné de la notion originelle du cabaret, qui comprend certes un maître de cérémonie et des artistes variés souvent hauts en couleurs, mais dont le répertoire, bien loin de tirer du côté des numéros de cirque et des danseuses à coiffes de strass, tend vers le réalisme austère interprété de manière intense, directe, sans artifice scénique d’aucune sorte, ce qui est un reflet exact de la période dans lequel cette forme de spectacle s’inscrit. Une période qui ressemble étrangement à celle que nous traversons en ce moment, il me semble.
Or, la musique est pour moi un vecteur de lumière et de transformations. C’est ainsi que je vis ma passion pour la chanson. Dans ces ténèbres que nous vivons collectivement, je voudrais témoigner, à ma modeste échelle, qu’il est possible de trouver, au fond de soi et tous ensemble, les ressources pour renverser ce qui est noir, renforcer sa joie de vivre, et conserver son ouverture de coeur, malgré tout, même dans les plus grandes difficultés personnelles et collectives. C’est pour cette raison que le décor de mon nouveau spectacle est constitué de lampes et de livres, qui représentent la lumière de la connaissance.
Quant à l’oiseau, il revient si souvent dans mes chansons, que c’en est un véritable concept ! Une représentation de la pureté, d’un chant qui viendrait du plus profond de soi, d’une quête de la liberté à tout prix. C’est dans ce sens que le « Cabaret de l’oiseau » s’est imposé à moi.
Nouvelle série pour un nouveau spectacle (après avoir dû annuler les deux séries précédentes), premier disque intitulé « Nouvel aperçu » (lancé le soir de la Première), nouveau décor, nouveau réalisateur, nouvelles compositions, nouvelles versions de mes chansons suite à un travail très intensif sur l’interprétation au cours des derniers mois, c’est un renouveau complet ! Celui du phénix : comme un oiseau qui prend son envol, je me lance ! Je vous emmène avec moi ?
Réservez au 07 83 78 09 47 / BilletRéduc.com | En partenariat avec le Théâtre de l’Echo – Paris 20e